Le beau geste

Ce titre est comme un clin d’œil aux amis de l’Arc en Ciel avec lesquels j’ai passé une « belle » semaine.

C’est le geste qui éclot soudain de corps coincés, porté par une émotion chez un être qui, d’habitude, est engoncé dans un corps dont les articulations, non sollicitées, se trouvent contraintes dans une gestuelle très limitée. C’est reconnaître la traduction des émotions. C’est cette esthétique, riche de sensations, riche du plaisir de recevoir et de la joie de donner.
C’est le geste qui éclot soudain d’un corps encombrant, souvent « inobéissant ».
Rousseau ne disait-il pas que « plus le corps est faible, plus il commande, plus il est fort, plus il obéit… » ? Aimer, s’aimer et être aimé…

Ce lien si fort et parfois si ténu entre le corps et le mental, il s’agit de le renforcer, car c’est cela qu’il s’agit dans la pratique du yoga, d’une éducation corporelle, il s’agit d’établir un lien plus étroit avec le réel, de sortir des conditionnements et de la confusion. Il s’agit aussi de passer d’un geste conscient à une conscience plus éveillée. Alors je m’exerce, je m’étire, je respire, je cherche à éliminer les tensions, à aller vers une détente qui soit disponibilité. Je m’applique à ne pas brutaliser dans les postures, à ne pas forcer sur la respiration. Répétition, persévérance, effort sont au programme – mais pas « travail en force »

Joie de progresser, par une meilleure intégration du schéma corporel, l’enracinement, le recentrage, par l’attention portée à la respiration, tout cela aboutit à une présence à soi, aux autres et au monde… tout cela conduit à « être là » … Dans les dessins animés, le personnage qui court le long d’une route, débouchant à son insu sur un précipice, continue à courir au-dessus du vide et ne chute qu’au moment où il prend conscience de sa délicate position… Peut-être cette prise de conscience, ce « lâcher-prise » qui mène à la chute est-il aussi le tremplin de la joie d’exister. Ce retour au réel par la chute de tout ce qui nous encombre.

Notre corps, lieu de notre présence au monde…

« La pratique du yoga au cours des quinze dernières années m’a convaincu qu’à la plupart de nos attitudes fondamentales envers la vie correspondent des expressions physiques de notre corps » Yehudi Menunhin.

Disponible mentalement, corporellement, peut-on réellement dissocier l’un de l’autre ? Est-il nécessaire de préciser ?

« D’où vient la main, de là viens le regard…
D’où vient le regard, de là vient la pensée…
D’où vient la pensée, de là vient le sentiment…
D’où vient le sentiment, de là viens l’émotion… »
(Tiré du Nâtya Shastra)